Loup y-es-tu ?
Depuis le retour du loup dans les Alpes françaises au début des années 90, éleveurs et défenseurs du canidé s’affrontent. Avec les années et l’expansion de son territoire d’occupation, la pression sur les troupeaux n’a cessé de se renforcer : le loup se nourrit essentiellement d’ongulés sauvages (chamois, cerfs, mouflons …) mais attaque aussi les troupeaux d’ovins, faisant parfois d’énormes dégâts.
Face aux éleveurs qui réclament toujours plus de tirs de défense et de prélèvements de sujets, des chercheurs ou des associations tentent de trouver des solutions qui permettent à tous les utilisateurs des montagnes de cohabiter en paix. C’est le cas de l’association Férus, qui a mis en place il y a une vingtaine d’années Pastoraloup, un programme soutenu par le WWF.
Frédéric est venu de Paris dans le massif de Haute-Bléone (Alpes-de-Haute-Provence) pour participer à ce programme : pendant une semaine, il va accompagner et surveiller un troupeau la nuit, servant de relais et d’aide supplémentaires aux stratégies de protection des troupeaux déjà mises en place (présence de filets, chiens de protections…). Après un stage de formation d’une semaine en début d’été, chacun des 80 éco-bénévoles s’est retrouvé en mission d’une à deux semaines auprès d’un troupeau et de son berger.
Pour Frédéric, sa présence s’inscrit dans une démarche écocitoyenne déclenchée par une visite dans le parc du Mercantour. Déjà fortement sensibilisé et impliqué dans des actions de soutien à ce type d’initiative, sa présence dans ces montagnes lui permet un engagement plus profond et plus complet.
Mais les conditions ne sont pas faciles : il a dressé sa tente à quelques mètres de l’endroit où le troupeau se couche et passe ses nuits au milieu des sons de sonnaille et des aboiements des chiens de protection de troupeau, à plus d’une heure de marche du hameau le plus proche ; l’eau disponible est à 20 minutes de marche et le débit disponible est parfois aléatoire ; enfin, toute l’alimentation a été amenée sur son dos.
Pourtant, l’expérience est incroyable. Son action complète le travail du berger dans la journée. Les nuits peuvent être très calmes ou très agitées, avec des réveils et des contrôles toutes les deux heures. La météo n’est pas toujours clémente. Les journées sont faites de solitude : randonnée, course, écriture de journal, lecture permettent alors d’en occuper les heures. Au terme de sa semaine et malgré toutes les difficultés, Frédéric se dit impatient de recommencer.
Le programme Pastoraloup a, jusqu’à présent, prouvé son efficacité chez les éleveurs qui y participent. Mais face à l’augmentation de la prédation sur les troupeaux et à l’expansion du loup dans les régions françaises, il reste insuffisant. Avec plus 21 000 éleveurs professionnels d’ovins en France, l’émergence de nouvelles solutions est nécessaire.