Des fleurs dans les ruines
Autour du village, il reste de nombreuses ruines de vieilles habitations. Au milieu des champs, dans les bois, au pied des falaises, ces restes de campagnes sont abandonnées depuis plusieurs dizaines, voire centaines d’années. Vestiges d’un temps ou le village ne devait être qu’un château cerné de masures plus ou moins lointaines, l’abandon a permis a la nature de reprendre un peu ses droits sur ces lieux de vies humains. Les toits se sont écroulés et, au milieu des murs restés debout, les arbres se sont installés.
En ce début de printemps, alors que le confinement dû à l’épidémie de Coronavirus nous oblige à rester cloîtrés, j’ai décidé de ressortir ma chambre 4*5″ pour regarder un peu plus attentivement ces tas de pierres auxquels plus personne ne fait vraiment attention. Les arbres qui y poussent, pour la plupart, y sont en fleurs. Plans-films noir et blanc chargés dans les chassis, les balades quotidiennes des chiens sont un prétexte à prendre quelques minutes pour poser un trépied devant ces murs en ruines.
Le temps a pris une autre dimension et passer quelques heures à agiter des plans-films dans une cuvette d’ID-11 regagne de l’intérêt : une après-midi dans le noir d’un labo permet de donner un peu de sens à ces minutes qui s’écoulent si lentement. Je retrouve des gestes pratiqués cent fois il y a des années, aussi bien derrière la chambre que dans l’obscurité du labo.
Peut-être que le monde d’après sera vraiment très différent de celui d’avant l’épidémie, ou peut-être pas, mais de toutes façons, il y aura toujours des fleurs dans les ruines.